Cérémonie de commémoration du 7 octobre 2023

Lundi 7 octobre 2024, notre communauté scolaire s’est réunie à l’école avec une profonde émotion pour commémorer les événements tragiques survenus en Israël il y a un an. Cette date restera à jamais gravée dans nos cœurs, symbolisant une douleur partagée par le peuple juif et tous ceux qui défendent les principes de paix et de justice.
Tamara Weinstock, Professeur d’hébreu et de citoyenneté et Coordinatrice des Matières hébraïques, revient sur cette cérémonie riche en émotions et en recueillements.
Comme l’écrit David Grossman, après le 7 octobre « nous ne serons plus jamais les mêmes (…) c’est comme si un cratère s’était ouvert au cœur du réel et nous avait happés ».
Le 7 octobre a marqué une fracture brutale dans nos existences et dans le rapport au monde qui nous entoure. Notre communauté a été profondément bouleversée par ces événements comme par leurs conséquences, jour après jour, depuis plus d’une année. Notre rôle a été modifié, lui aussi : enseigner, bien sûr, mais également rassurer, expliquer, lutter contre la désinformation, les clichés et la haine.
Pour toutes ces raisons, organiser une commémoration à l’école ne m’a jamais semblé aussi difficile. Contrairement aux événements de Yom Hashoah ou Yom Hazikaron, nous avons tous vécu le 7 octobre en direct. Les images insoutenables des massacres restent gravées en nous. Parmi nous, rares sont ceux dont les proches n’ont pas souffert de l’attaque du Hamas ou de la guerre qui en a résulté.
La transmission est inscrite au cœur du judaïsme. Mais sur quels éléments mettre l’accent dans ce nouveau travail de mémoire ? Comment concevoir une cérémonie qui ne reproduise pas un second Yom Hazikaron et qui ne soit pas politique ? Et surtout : quel message souhaitons-nous transmettre à nos élèves ?
Hantée par ce questionnement depuis des mois, j’ai pu le partager avec les enseignants juifs rencontrés cet été au séminaire organisé par la NLI à Jérusalem, puis avec Matan Aouizrat et Maya Jspan dès la rentrée.
Très vite, il nous a semblé évident que malgré l’horreur des faits, il importait avant tout de mettre en avant la résilience des Israéliens et la force qui nous a permis à tous de continuer à croire en l’avenir. Nous avons donc choisi de privilégier les sentiments et valeurs qui nous avaient permis d’avancer tout au long de l’année.
A la gravité des discours d’introduction de Benjamin Ariel, président de l’Athénée Ganenou, de Matan Aouizrat, nouveau directeur général, et de son excellence Idit Rosenzweig-Abu, ambassadrice d’Israël, ont donc succédé l’évocation des actes de bravoure de ces « héros ordinaires » et des soldats ; le rappel des témoignages de solidarité des communautés du monde entier ; l’affirmation de l’amour que nous ressentons pour Israël et notre l’espoir de reconstruction et de paix.
Parce que les mots perdent vite leur sens à force d’être répétés, ou nous semblent inappropriés pour traduire ce que nous ressentons, nous avons éprouvé le besoin de recourir également à d’autres moyens d’expression : la musique, la danse, la poésie, l’art. Et je remercie de tout cœur les nombreux élèves et professeurs qui se sont engagés dans le projet.
Notre exposition 7 octobre n’aurait pas été possible sans la contribution d’Anatole Jouanin, notre nouveau professeur de dessin. Il a consacré les cours du mois de septembre à la préparer avec les élèves de primaires et de première et deuxième secondaire. Nos élèves ont également été nombreux à participer au projet de solidarité Yad Beyad, et leurs dessins ont été envoyés aux familles des otages, aux soldats, aux enfants déplacés et aux victimes d’antisémitisme. Enfin, l’aide de nos Shinshiniot, Yaël et Eden, a été précieuse pour la réalisation des panneaux du souvenir.
Membres du conseil d’administration, parents, élèves, amis : vous étiez nombreux ce matin-là. Merci pour votre présence et pour votre recueillement. Merci infiniment à son excellence Idit Rosenzweig-Abu, ambassadrice d’Israël, pour sa participation à la cérémonie. Nous avons également été touchés par la présence de Maurice Dilliès, bourgmestre d’Uccle.
Comme toujours, la réflexion nous invite à nous projeter dans l’avenir.
Le 7 octobre, comme le 11 septembre, n’est plus une simple date mais évoque désormais un événement traumatique. Un jour pourtant, cet événement appartiendra au passé. A ce moment-là, fidèles à notre impératif de mémoire, il conviendra de se demander comment nous choisirons de le commémorer pour la postérité. Sera-t-il intégré aux cérémonies de Yom Hazikaron au même titre que les guerres et actes terroristes qui ont jalonné l’existence d’Israël depuis sa création ? Sera-t-il plutôt évoqué à Ticha Beav, jour de deuil marqué par la destruction du temple, comme certains l’ont suggéré ? Ou deviendra-t-il un jour du souvenir spécifique dans le calendrier hébraïque ? Combien de jours de deuil supplémentaires pouvons-nous encore intégrer à notre calendrier ? Mais surtout : quels messages le chargerons-nous de transmettre aux générations à venir ?
Tamara Weinstock
Professeur d’hébreu et de citoyenneté
Coordinatrice des Matières hébraïques
Retour en images sur la cérémonie :



